Le sujet a déjà été abordé ici, mais il existe sur TF1 une série quotidienne (lundi - vendredi) qui s'appelle Ici Tout Commence, qui raconte, un peu à la manière d'Hélène et les Garçons, la vie trépidante de jeunes apprentis cuisiniers futurs chefs étoilés et de leurs encadrants. Le directeur de l'institut où toutes ces histoires se déroulent, la cinquantaine bien tassée, est supposé être atteint de sclérose en plaques récurrente-rémittente (enfin, dans la série on dit juste "sclérose") et connaît toujours, bien qu'il en ait carrément passé l'âge, sa petite poussée une fois de temps en temps.
Et en ce moment, ça tombe bien, il est justement en train d'en faire une. Donc au bout de quelques jours on finit par faire venir le médecin de famille, afin qu'il lui prescrive... de l'interféron (pour traiter sa poussée, donc). Discours moralisateur du toubib, qui lui ordonne en substance de prendre du repos, parce que s'il ne le fait pas, en gros, il est foutu.
Alors certes, la forme récurrente-rémittente est de loin la plus fréquente... mais certainement pas à cet âge-là ; certes, l'interféron (bêta) est le traitement de référence, bien que loin d'être le plus efficace, de la sep... mais uniquement comme traitement de fond, en aucun cas comme traitement de la poussée (je rappelle que pour ça il y a les corticoïdes et que de toute façon, traiter ou pas une poussée n'a aucune influence sur l'évolution future de la maladie) ; certes, le repos est un excellent moyen de récupérer d'une poussée, mais rien ne permet d'envisager qu'un manque de repos ait non plus la moindre influence sur la rapidité d'installation du handicap.
Mon souci vient de ce que cette série est essentiellement regardée par des jeunes adultes, 20 à 30 ans à vue de nez, bien plus que par des quinquagénaires grisonnants ; c'est à dire par des gens qui, à la différence du directeur, sont pile-poil dans la classe d'âge la plus fréquente pour recevoir un diagnostic de sep récurrente-rémittente ou, beaucoup plus fréquemment, pour avoir un ami ou une simple connaissance qui le sera. Et qui pourront être tentés de prodiguer, de bonne foi, de bons conseils sur la base de ce que la série leur aura enseigné.
Si, sur le fond, je trouve louable l'idée de vulgariser un peu notre maladie, je trouve que la forme est tellement caricaturale, pour ne pas dire pleine de raccourcis et d'inexactitudes, qu'elle est au moins aussi contestable.
Il fallait que je le dise

A bientôt,
Jean-Philippe