À seulement 19 ans, je me traîne depuis 10 ans une dépression pesante, étouffante, angoissante mais surtout incomprise. J'ai vu toute sorte de professionnels : Infirmiers, psychologues, psychiatres, art thérapeutes, ...
Et il faut tout de même le dire, ça s'est parfois amélioré.
Mais cette année, je retombe dans une période sombre et chaotique. Tout mon être appelle au suicide et je lutte, je lutte... Mais j'ai peur, un jour, de ne plus pouvoir affronter. De n'avoir d'autres solutions, pour me reposer un peu, que de mettre fin à une vie à laquelle je n'ai pas encore pu goûter.
Cette année, ça a été la pire de toutes. Et pourtant, j'en ai vu des choses étant petite. Engueulades de mes parents, séparation douloureuse, harcèlement moral de ma mère sur ses propres gamins, descente aux enfers de mon père... Mais non, à côté de ce que je vis aujourd'hui, cette période c'était "presque" rien.
L'année 2016 a commencé par de la fatigue, beaucoup de fatigue, inexpliquée et inexplicable. On a suspecté un dysfonctionnement de la thyroïde vu que mes taux de TSH ne faisaient qu'augmenter encore et encore. Mais vu l'efficacité de mon médecin traitant, ça traînait en longueur.
Puis, fin Avril 2016, on diagnostique un cancer du sein à ma mère et... Ça ne me fait rien. Nada. Aucune inquiétude, aucune tristesse, et pourtant je sens bien que dans les regards autour de moi on me fait comprendre que je devrais ressentir ça. Je l'aime ma mère, mais là non, vraiment, à part de la jalousie d'avoir une maladie potentiellement mortelle qui amènerait les gens à se soucier un peu plus, je n'ai rien ressenti.
Parce que oui, mon rêve depuis petite fille, c'est d'avoir une maladie grave, pour être traitée comme un être vivant plutôt que comme un objet. Pour que, même si je suis pas parfaite, même si j'ai des torts, ma mère m'aime et m'accepte comme je suis.
Bref. Voilà, cancer de ma mère, et moi, froide comme un bloc de marbre.
Et puis, un mois plus tard, ma chienne Cookie est aussi diagnostiquée d'un cancer incurable. Sa vie ne tient plus qu'à un fil. Au même moment, j'ai mes premiers symptômes, des vertiges qui me valent de dégueuler plusieurs fois par jour. M'allonger devient un calvaire, rester assise aussi. J'arrête les cours, à quelques semaines du bac français. Puis mes symptômes s'améliorent, et en même temps, on est forcés de faire euthanasier ma chienne. Je suis effondrée et le peu d'énergie qu'il me reste passe dans mes révisions. (Je vous passe les maintes engueulades avec ma mère qui me reproche encore et toujours de ne rien faire alors que je me tue à la tâche. Bref.)
Pour mon anniversaire, le 10 septembre, j'ai un nouveau cadeau du destin : J'apprends que mon père que je n'ai pas vu depuis 2 ans est en train de mourir. Il est dialysé 3 fois par semaine et vient de faire une œdème cardiaque + coma il y a tout juste un mois.
J'ai la flemme de décrire tout ce par quoi je suis passée vis à vis de la sep, mais pour faire bref, après les vertiges qui ont duré 2 semaines, j'ai eu le droit à 2 semaines de Diplopie (pendant mes épreuves du bac, youhou), 1 mois sans rien puis re-diplopie+nystagmus qui sont encore en train de s'estomper à l'heure actuelle.
Enfin, la semaine dernière, le diagnostic que j'attendais sans étonnement est tombé : SEP rémittente. Sur le coup, je me suis dit "hum chouette, au moins, ça légitimise ma fatigue et on arrêtera de me solliciter autant pour des futilités". Ah, tu parles ! J'ai jamais autant aidé ma mère. Du matin au soir, même la nuit, j'arrête pas une seconde.
En semaine, mes journées ressemblent à ça:
6h50 : Je descends, ramasse la pisse de la nuit du chiot qu'on vient d'avoir.
7h : J'essaye de petit-déjeuner au me faisant bouffer les jambes par le chiot, pendant que ma mère regarde tranquillement la TV.
7h15 : Je continue de me préparer pour aller en cours et toujours en m'occupant du chiot.
7h45 -> 18h : Bus/Cours/Bus
18h : Je m'occupe seule du chiot, déchaîné.
19h : Dîner.
19h20 : J’essuie la vaisselle lavée par ma mère, puis je fais mes clopes pour le lendemain.
20h : Je vais fumer mes 3 clopes pour tenir la soirée et m'aider à redescendre en pression.
20h20 : Je m'occupe du chiot.
21h : Je monte me coucher, regarde mes séries du soir et m'endors.
J'ai peur. Peur de ce que je suis en train de devenir, peur de ce que je serais capable de faire. Je suis perdue et j'ai mal, putain.