J'en rajoute une couche
Il est à mon avis très significatif que ce nouveau variant nous arrive d'un pays, l'Afrique du Sud, où la couverture vaccinale est une des plus faibles au monde : de l'ordre de 25% en deux doses et à peine 30% pour au moins une dose.
Si je me suis fait vacciner, ce n'était ni pour me protéger moi, ni pour protéger les autres, mais avant tout pour jouer mon rôle de petite brique dans la construction du mur qui allait nous débarrasser du virus. Seulement, une seule petite brique ne suffit pas, beaucoup de petites briques peuvent ne pas suffire, il faut simplement qu'on ait assez de briques, partout.
La politique actuelle qui prétend imposer des rappels à une population occidentale déjà massivement vaccinée, ne contribue que très médiocrement à nous protéger, elle consiste selon moi à mettre la charrue avant les bœufs.
Je m'explique
. Cette épidémie est mondiale, elle se joue des frontières. Les vaccins, comme d'ailleurs à peu près tout ce qui sort des labos, ne protègent que partiellement, et rien ne garantit en outre qu'ils conserveront leur efficacité sur tel ou tel nouveau variant. Nous avons aujourd'hui, après celle du variant delta, une nouvelle illustration par l'exemple qu'un nouveau variant est d'autant plus volontiers susceptible d'apparaître dans un milieu où le virus est libre de circuler, de contaminer. Ce qui est parfaitement logique : si la probabilité d'apparition d'un nouveau variant est d'une pour un milliard de personnes infectées, plus le virus est libre de circuler, plus le milliard est rapidement atteint -- oui, c'est (presque) aussi con que ça.
D'un strict point de vue financier, retour sur investissement, construction du mur, tout ça, chaque dose de vaccin serait infiniment mieux employée sur des personnes qui n'ont jamais été vaccinées, puis sur des personnes qui n'ont reçu qu'une dose. Et évidemment pas dans des pays où la couverture vaccinale est déjà bien assez haute (certainement pas chez nous, donc), mais au contraire dans ceux où la couverture vaccinale est la plus basse. Chaque dose qu'on gaspille en Occident en tant que troisième injection, alors qu'une grande partie de la population mondiale, faute de vaccination suffisante, continue de laisser le virus libre de circuler, est de l'argent jeté par les fenêtres : à quoi bon avoir de son côté un joli mur avec trois couches de briques, si d'autres endroits dans le monde n'ont même pas de quoi construire la partie qui leur incombe ?
C'est exactement ce qu'est en train de nous dire ce variant omicron : j'espère qu'il ouvrira les yeux de l'Occident et qu'il permettra une réorientation de l'effort sanitaire vers les pays qui en ont le plus besoin.