Un petit point sur les médecines alternatives, avec ce que j'ai pu voir sur le web. Notez que ce point de vue n'engage que moi, mais je vais essayer de rester le plus objectif possible.
Je suis de formation scientifique, donc un peu habitué à la démarche. En médecine, j'ai cru comprendre qu'il y a deux (trois) types de preuves :
- la preuve anecdotique est celle utilisée le plus souvent par les promoteurs des thérapies alternatives : c'est le coup classique du "j'en ai pris, et regardez, je suis guéri, donc ça marche super bien". Vous serez sûrement d'accord avec moi pour dire que ça ne fonde pas vraiment l'efficacité du traitement, même si plusieurs personnes le répètent. En effet, chaque traitement a ses "adeptes", et vous n'entendrez probablement que les échos positifs, et pas les témoignages des gens chez qui ça n'a pas marché.
- L'argument consistant à argumenter que ce traitement est utilisé depuis très longtemps n'est pas non plus vraiment valable. On a pratiqué les saignées pendant des siècles, alors qu'on sait aujourd'hui que ça peut être dangereux pour le patient (plus personne ne prescrit systématiquement des saignées aujourd'hui, à part dans des cas précis)
- La preuve scientifique formelle est obtenue par des études dans lesquelles des échantillons de plusieurs malades (10, 100, 1000 ou plus, plus y en a, mieux c'est) représentatifs sont pris. On leur administre le traitement, et on compare ensuite avec un groupe dit "témoin", se rapprochant le plus possible du groupe à qui on a administré le patient, mais à qui on ne donne rien. En comparant l'évolution de la maladie dans les deux groupes, on peut juger de l'efficacité d'un traitement.
Les études ont même été améliorées récemment avec la découverte de l'effet placebo. En effet, un patient qui sait qu'on lui administre un traitement voit son moral augmenter, et ce dernier peut être en partie responsable d'une amélioration de l'état du malade : il se persuade lui-même qu'il va guérir, en ce faisant, son corps réagit plus favorablement. C'est sur ce principe que reposait l'homéopathie, par exemple. Les études récentes inclusent dans le groupe de tests un sous-groupe de personnes à qui on administre un placebo, c'est à dire un médicament sans principe actif (une boule de sucre). Il ne le sait pas, et son médecin non plus, seuls les organisateurs le savent. Grâce à cela, on peut différencier l'efficacité :
- d'une guérison spontanée sans traitement
- de l'effet placebo, non négligeable
- des médicaments
C'est grâce à ce genre d'études qu'on a prouvé que l'interferon ou la copaxone sont efficaces. Mais il faut garder à l'esprit qu'ils ne sont pas efficaces chez tout le monde, et c'est pour ça que vous voyez des témoignages de gens qui disent "ça ne sert à rien, ce traitement ne m'aide pas." Et effectivement, ça arrive. Mais dans la majorité des cas, ça marche. (et d'ailleurs, si ça ne marchait pas, la sécu ne les rembourserait pas

)
Dans le cas des médecines alternatives, vous verrez très peu ce genre de preuve scientifique formelle. Vous verrez souvent des témoignages de gens qui disent que ce traitement a changé leur vie, etc. Faute de preuve irréfutable par une étude avec suffisamment de personnes, on ne peut pas dire si la guérison est due au médicament, à l'effet placebo, ou tout simplement une guérison spontanée. Et une méthode qui n'a plus fait l'objet d'études depuis 50 ans, fortement controversée, il faut toujours s'en méfier. (c'est par exemple le cas pour Solomides)
Je n'ai rien contre les thérapies alternatives. Si j'avais à choisir d'ensuivre, je respecterais tout d'abord quelques règles de "bon-sens"
- Recueillir le plus de témoignages possibles, dans les deux sens. Les témoignages de gens qui ont essayé mais chez qui ça n'a pas marché sont parfois difficiles à obtenir.
- Chercher des renseignements sur des études éventuellement effectuées sur le produit ;
- Se méfier des thérapeutiques coûtant très cher et vendues par des petits groupes ou des associations, par correspondance ou vente pyramidale ; (remarque personnelle : 104 euros par mois me paraît beaucoup, quand même)
- certaines thérapies sont non seulement inefficaces, mais également dangereuses : je pense en particulier aux prétendus professeurs recommandant des injections de venin de cobra à faire soi-même à la maison... Imaginez le résultat.
- ne pas interrompre un traitement médical classique dont l'efficacité a été prouvée au profit d'une thérapie aux bénéfices réels contestables.
Globalement, une thérapie alternative doit toujours être une simple
complémentaire d'une thérapie classique. Les traitements alternatifs peuvent apporter un réel bien être au moral, sans agir directement sur les causes de la maladie. Par exemple, on peut suivre un traitement à l'interferon tout en faisant du yoga, ou de la sophrologie. Le yoga ne vous guérira pas de la SEP, mais vous aidera au moins à vous sentir mieux. Et le moral compte beaucoup dans ce genre de situation, je pense que vous le savez mieux que moi. Vous pouvez même pratiquer d'autres trucs moins conventionnels, comme le magnétisme (je ne m'y connais pas trop, mais promener des aimants autour du corps doit être à mon avis inoffensif), si ça vous aide à vous sentir mieux. Il suffit juste de garder à l'esprit que ces thérapies n'agissent pas directement sur la maladie, et le seul effet dont elles peuvent faire profiter le patient est un effet placebo modéré, si on y croit vraiment, et éventuellement un mieux-être. Mais dépenser des sommes extravagantes pour ce genre de programmes de soins et arrêter des traitements à l'efficacité prouvée scientifiquement est dommage, voire dangereux.
Voilà, j'ai été un peu long, mais j'espère avoir éclairé votre lanterne.