Salut Tiburce,
Tiburce a écrit :a contrario d'un Nostromo qui adore écrire des tartines je suis beaucoup plus concis.
On ne se refait pas
.
Tes schémas correspondent à ce qui est habituellement indiqué, mais ils oublient un détail d'importance, qui est celui des sep latentes, non représentées ; or, ces sep latentes représenteraient
au moins la moitié des sep. Une sep latente est une forme de sep à part entière, qui se définit comme une sep qui se manifestera par l'apparition de lésions dans le snc mais qui, de toute la vie du patient, n'entraînera jamais de symptômes suffisamment alarmants pour aboutir à un diagnostic. C'est comme une forme bénigne quoi, mais en encore plus cool (la forme bénigne peut s'accompagner à l'occasion de poussées violentes, pas la forme latente).
Je source
. Haute Autorité de Santé,
ici, haut de la page 6 : "
Il existe des formes latentes, qui pourraient être au moins aussi fréquentes que les formes ayant une évolution ultérieure symptomatique". Cours de médecine de Jussieu / la Sorbonne,
ici, bas de page : "
[il existe des formes] latentes (c’est-à-dire sans expression clinique) qui pourraient être au moins aussi fréquentes que les formes ayant une évolution ultérieure, puisque dans une autopsie sur 500 (sujets tous venants) on note quelques lésions de type SEP qui auraient été peu ou non symptomatiques."
Un sujet sur 500, ça me fait une prévalence de 200 pour 100'000 ; quand les documents ont été rédigés, l'information qui sert de base à ces deux documents datant à peu près de 2000, la prévalence "officielle" (diagnostiquée) de la sep était inférieure à 80 pour 100'000, d'où le "au moins aussi fréquentes que les formes symptomatiques". Je reprends par exemple pour source le cours de médecine de Jussieu, mais
ici cette fois (le cours date de 2001, au fait, et a été rédigé par Catherine Lubetzki, ce qui devrait suffire comme argument d'autorité
) : "
forte prévalence, 30 à 80/100 000 : Europe du Nord, Sud-Canada, Nord des Etats-Unis, Nouvelle-Zélande et Australie [...] la France est située à cheval sur les zones de forte et moyenne prévalence."
Mais tout ça, donc, c'était vrai
avant, au tout début des années 2000. Parmi les choses qui ont changé depuis, je mentionne en particulier qu'on te fait de plus en plus volontiers passer des IRM cérébrales pour un oui ou pour un non, ce qui fait que ce qu'on détectait fortuitement hier lors de l'autopsie, bin on le détecte tout aussi fortuitement aujourd'hui, mais sur un sujet qui présente l'intérêt d'être toujours vivant. Sujet vivant à qui on ne va évidemment pas manquer de coller un traitement de fond (bin oui, son IRM cérébrale est tout ce qu'il a de plus loquace...), traitement de fond qui, dans "au moins la moitié des cas" (et sans doute bien plus, par effet levier, en l'absence préalable de tout symptôme imputable à une sep) sera... tout à fait inutile. Inutile, mais drôlement efficace, puisque la forme sur laquelle on l'appliquera est, et restera quoi qu'il arrive,
latente pendant toute la vie du patient.
Depuis le début des années 2000, c'est à dire en vingt années seulement, la prévalence de la sep en France a
plus que doublé : elle est passée, donc, d'un maximum de 80 pour 100'000 à plus de 150 pour 100'000 (source : INSERM,
ici, 110'000 personnes étaient touchées en France en 2020, ce qui sur 66 millions me donne une prévalence de 167 pour 100'000). Comment expliquer une telle explosion des cas en si peu de temps ?
On peut résumer l'histoire naturelle de la SEP à ces deux schémas que j'ai pompé dans une vidéo de Biogen.
Biogen qui n'a certainement aucun intérêt à vendre le plus de traitements possible
Je reprends ces schémas, en y intégrant tout juste une moitié de formes latentes (en toute logique ça devrait être encore plus, puisque ces formes latentes sont systématiquement décrites comme "au moins aussi fréquentes que les formes symptomatiques"), j'arrive à ça :
Au diagnostic :
- sep - début.png (127.74 Kio) Vu 2571 fois
Après 15 ans d'évolution :
- sep - 15 ans.png (159.05 Kio) Vu 2571 fois
Ah nous voici bien
.
A bientôt,
JP.