Un peu de lecture pour ceux qui veulent... Extraits de mon premier roman :)

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Eccedentesia
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Un peu de lecture pour ceux qui veulent... Extraits de mon premier roman :)

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Alors voilà, je vous partage mon art comme dirait lélé ! Je vous présente Eretz, mon premier roman (premier tome d'une quadrilogie en cours d'écriture).

Voici déjà le prologue !



PROLOGUE -

Le soleil était à son zénith tandis que Lilith se promenait dans les jardins, inspirant les délicats parfums des rosiers qui bordaient le chemin de mousse. Pieds nus, dans une légère robe blanche, elle était sublime. Ses immenses ailes ivoires frôlaient les ronces, illuminant plus encore chaque feuille, chaque pétale, sur son passage. D’une peau claire, les yeux émeraude, tout ce qui tranchait cet éclat angélique était la couleur ébène de ses cheveux.
Père avait confié une mission capitale à Lilith. C’était là sa chance de lui prouver son attachement, sa foi. Elle ignorait totalement ce que cette mission allait impliquer. Dans le cas contraire, elle l’aurait très certainement refusée. Mais Père aurait été si déçu… Nul au Paradis n’avait jamais osé refuser la moindre demande de Père. Son courroux ne pouvait être qu’indescriptible. Inimaginable.
Lilith avait immédiatement accédé à sa demande. Elle avait pourtant peur de s’éloigner ainsi de lui, il était tout ce qu’elle connaissait après tout. Il l’avait créée, gardée sous son aile. C’était elle sa préférée, comme il aimait à le dire. Aujourd'hui il décidait de l’envoyer sur Eretz… Cet autre monde dont elle ignorait tout. Car depuis que père l’avait créé, nul n’avait été autorisé à s’y rendre. Pas même Mikhaël, le plus grand et puissant des Archanges. Ils n’étaient que trois élus à être missionnés afin de peupler ce nouveau monde. Désormais, Lilith aurait un époux. Qu’était-ce donc que cette chose, un époux ?
La cérémonie se préparait au loin. Les Chérubins s’affairaient, virevoltant, rubans à la main. Lilith les contemplait, admirant l’art minutieux de ces petites créatures. Les Chérubins l’avaient toujours fascinée. Ils étaient petits, potelés, d’une sensibilité extrême et particulièrement joueurs. Ce qu’ils aimaient par-dessus tout ? Décorer les jardins, le palais, mais aussi manger les pêches juteuses de l’arbre de Vie. Ils étaient les seuls autorisés à manger ses fruits, mais ils y prenaient tant de plaisir qu’aucun ange ne saurait les priver de ce bonheur. Et puis, Lilith préférait l’arôme délicat du raisin : sucré, acide, unique et propre à chaque grappe.
Eretz avait-elle aussi des vignes ?
« Lilith ? Tu sembles perdue dans le labyrinthe de tes pensées, dit un ange séduisant qui atterrit devant elle avant de la saluer dignement.
- Azraël. Ne devrais-tu pas plutôt préparer ton départ avec Mikhaël ?
- Il m’a déjà tout expliqué. Après tout, ma tâche sera simple, assurer votre sécurité ne devrait pas être plus compliqué qu’ici, avec ces Djinns qui s’ingénient à semer la pagaille dans nos jardins. Ils ont presque failli ruiner l'installation des Chérubins pour votre cérémonie d'union.
- Je ne comprends pas pourquoi père refuse de parquer ces créatures. Ils saccagent tellement de récoltes, comment père a-t-il eu l’idée de faire naître pareilles bêtes ?
- Tu sais bien comment il est, pas un jour ne passe sans qu’il ne donne vie à quelque chose. Les Djinns doivent avoir une utilité, nous ne connaissons pas encore laquelle, voilà tout.
- Sans doute. Mais justement, autant contrôler ces créatures, nous pourrions découvrir leurs talents en les observant.
- Les Djinns sont bien trop sauvages. Ils ne sont pas comme les Chérubins, objecta Azraël, évoquant ainsi la naissance de ces petits êtres ailés, emplis de malice. Est-ce là ta robe d’apparat ? Demanda-t-il en admirant la silhouette parfaitement dessinée par le délicat tissus satiné.
- Oui. Je l’avais confectionnée il y a quelques temps déjà. Je ne sais ce qu’il convient de porter pour ce rituel, qu’en penses-tu ?
- Tu es sublime. Ton époux en sera honoré.
- Je l’espère. J’ignore tout de lui. Père nous a désignés pour peupler Eretz, mais nous entendrons-nous seulement ? Que sont supposés faire des époux ? Je serai si loin de tout… J’ai peur Azraël.
- Peur ? De quoi donc as-tu peur ?
- Père pourrait être déçu. Je ne pourrai jamais plus m’adresser à lui. Comment me guidera-t-il ?
- Père est en nous, répondit doucement Azraël qui posa sa main sur le cœur de Lilith. Suis ton cœur, il ne te trahira jamais. Et puis, tu ne seras jamais seule, Adam et moi serons là. Nous veillerons sur toi.
- Merci Azraël. Je n’aurais pu espérer meilleur gardien que toi pour cette mission.
- Allons-y, il est temps. Le rituel va commencer, annonça Azraël en désignant les Chérubins alignés en cercle au-dessus de l’arbre de Vie. »
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CHAPITRE 1 - Aujourd'hui


Il était plus de vingt-deux heures lorsque Liliana rejoignit Meghan au bar. Comme tous les samedi soir, la salle était bondée. Les couples et groupes d’amis discutaient bruyamment, devant bières, cocktails ou shots de vodka. Meghan était installée au bar, devant quelques tapas et un mojito, en pleine discussion avec le barman. Avec sa robe moulante vermeille, elle ne risquait pas de passer inaperçu.
« Alors, on commence à boire sans moi ?
- Mike a tenu à m’offrir un verre, dit Meghan en désignant le barman qui s’éclipsa aussitôt.
- Je présume que ta nouvelle proie est ce nouveau barman ?
- Possible. Il est plutôt mignon et a de la conversation.
- Il ne reste plus qu’à bloquer une date pour le mariage !
- Voyons déjà comment il passe l’épreuve du premier rencard, tu veux bien ? Bon ! Qu’est-ce que tu veux boire ?
- Un martini, je n’en ai pas pris depuis longtemps.
- Mike ! Un martini ! Mais évite de nous mettre une de ces olives immondes, d’accord ?
- Bien sûr ! Je mets quoi à la place ?
- Du citron ! Répondit Liliana.
- Merci beau gosse ! Susurra Meghan en attrapant le verre de martini que Mike venait leur apporter.
- Tu sais, tu devrais calmer le jeu avec les mecs. C’est vrai, ta rupture remonte à combien ? Trois, quatre jours ? Et te revoilà déjà à draguer le premier venu. Tu devrais ralentir la cadence, ça t’éviterait de perdre ton temps avec des hommes qui n’en valent pas le coup.
- Parce que ta méthode te réussit mieux peut-être ? Écoute ma chérie, je sais que tu rêves d’amour comme dans ces films, le mec qui déboule par hasard dans ta vie, coup de foudre instantané et une vie longue et heureuse avec ce grand A. Mais la vie n’est pas un conte de fées. Alors quitte à tomber sur mon prince charmant, je fais la chasse aux crapauds. Tu devrais t’y mettre. Qui sait à côté de combien de mecs sexy et intéressants tu es passée pendant cette année avec Richard ? Ça fait tout de même déjà six mois qu’il t’a plaquée. Les hommes, c’est comme le cheval. Quand tu tombes, tu dois te remettre en selle.
- Charmant. Tu devrais te reconvertir et ouvrir une agence de rencontres, avec un slogan pareil, tu ferais fureur !
- Tu peux te moquer, mais en attendant c’est bien toi qui n’a toujours pas remarqué le blond au fond qui te lorgne depuis que tu es entrée.
- Quoi ?
- Lui, désigna-t-elle d’un signe de tête.
- Arrête, c’est plutôt toi qu’il regarde, tu n’aurais pas pu choisir une robe un peu plus discrète ? Tu ferais de la concurrence à une tapineuse avec ce look.
- Il faut bien que je me mette en valeur, je suis nettement moins jolie que toi. Même dans ton petit ensemble de fille sage, commenta-t-elle en considérant son tailleur pantalon, tu attires tous les regards. Comment tu fais ?
- Je reste naturelle. Tu devrais essayer, tu tomberais moins souvent sur des chiens en rut qui ne voient en toi qu’une paire de fesses à ajouter à leur tableau de chasse.
- Peu importe ce qu’ils veulent, tu sais bien que ces types-là déguerpissent à la moindre difficulté. Ils n’obtiennent jamais rien de moi. Être sexy ne signifie pas pour autant être facile.
- Excusez-moi, dit une serveuse qui tendait un verre de martini en direction de Liliana. De la part du jeune homme assis au fond.
- Ah, euh… merci, bredouilla Liliana avant de poser le verre sur le bar sans y goûter.
- C’est plutôt lui que tu devrais aller remercier, observa Meghan.
- On ne m’achète pas avec un martini.
- Parce que s’il était venu directement te voir, tu lui aurais adressé la parole peut-être ? Laisse-moi rire, je te connais Lili. Depuis maintenant presque dix ans. Tu n’as jamais accepté la moindre drague dans un bar.
- Et je ne compte pas commencer ce soir.
- Pourquoi ? Qu’est-ce que tu risques après tout ? Va lui parler, je ne suis qu'à quelques mètres. Au pire tu reviens aussitôt t’asseoir près de moi, au mieux tu discuteras enfin avec un homme et passeras un bon moment.
- Bien ! J’y vais ! Mais si ça se passe mal, je t’aurais prévenue. Et n’en profite pas pour sauter sur ce pauvre barman ! Il est nouveau, ne lui fais pas perdre sa place.
- Oui m’dame ! »
Liliana s’empara du verre offert par l’inconnu et se dirigea vers lui d’un pas décidé. Elle ne lui parlerait qu’un instant, de quoi clouer le bec de Meghan et ensuite elles pourraient reprendre leur soirée entre copines. Pourquoi fallait-il toujours qu’elle remette le sujet des hommes sur le tapis ? Richard lui avait suffisamment brisé le cœur pour ne pas vouloir réitérer l’expérience avant un long moment.
« Bonsoir, je ne me suis pas trompé au moins ?
- Pardon ?
- Le martini, c’est bien ça que tu buvais ? Tu n’y as pas touché, je peux te commander autre chose si tu préfères.
- Non, c’est très bien, je venais juste te remercier.
- C’est un plaisir, dit le jeune homme avant de lui céder une place sur la banquette. Je m’appelle Daniel. Et toi ?
- Liliana.
- Enchanté Liliana. Tu ne veux pas t’asseoir un instant ?
- Non. Écoute, tu as l’air très gentil et j’apprécie beaucoup le verre, mais je ne suis pas intéressée.
- Oh pardon, tu as sans doute déjà quelqu’un, j’aurais dû m’y attendre.
- Pas du tout, je suis célibataire. Mais simplement, je ne suis pas… Je ne me sens pas encore prête à faire des rencontres pour le moment.
- Je vois. Ton ex t’en a fait baver ? C’est un crétin.
- Effectivement.
- Eh bien, je viens ici assez régulièrement alors si un de ces jours tu as envie de ne serait-ce que discuter, tu sais où me trouver. D’accord ? Allez, vas retrouver ta copine, passez une bonne soirée.
- Merci, souffla Liliana, surprise par sa gentillesse.
- Pas de quoi. À bientôt Liliana. »
Troublée, Liliana se retourna vers le bar où elle vit Meghan occupée à faire des œillades à un Mike totalement subjugué par son décolleté plongeant. Elle n’avait peut-être pas la beauté remarquable des mannequins, mais ses formes généreuses compensaient largement son visage commun et ses cheveux trop plats. Meghan semblait s’amuser, si bien que Liliana but son verre d’un trait et décida de rentrer chez elle.
Elle aurait pu appeler un taxi, mais l’air frais sous cette nuit claire lui faisait un bien fou. Liliana rejoint la Tamise par les petites ruelles où elle ne croisa que quelques couples qui batifolaient en toute légèreté. Les histoires d’amour sont si belles au début, Liliana sourit en songeant à ces délicieux souvenirs de ses amourettes passées. Plus particulièrement en se remémorant ce jeune français, rencontré alors qu’il effectuait un voyage scolaire avec son lycée. Il était en dernière année, il rêvait de s’installer à Londres et faisait plein de projets, tous concentrés autour de Liliana. Il avait les yeux noisette, des yeux enfantins et rieurs, un sourire qui la rendait heureuse en une fraction de secondes. Tout était si parfait, deux ans d’une histoire romantique à souhait. Mais la pureté ne dure jamais. Aussi la jalousie a fini par enterrer leur couple, d’abord la jalousie que leur relation fusionnelle attisait, puis entre eux. Car qui dit attirer les jaloux, dit attirer les rumeurs pour tout gâcher. C’est ainsi qu’après un an à vivre ensemble, il disparût de la vie de Liliana, la laissant seule, désemparée, sans plus aucun repère hormis Meghan. Et puis Richard… Il avait su se montrer charmant, enjôleur, mais il n’était rien de ce qu’il laissait paraître à Liliana. C’était un coureur invétéré et Meghan avait fini par découvrir le pot aux roses. Et il en avait été de même pour toutes les relations que Liliana avait pu avoir. Pourtant, Meghan la poussait à recommencer.
Arrivée sur le London Bridge, Liliana s’appuya face à la balustrade, contemplant le clapotis des vaguelettes formées par le vent. La nuit était claire, la Lune se reflétait sur l’eau, les étoiles étincelaient, c’en était presque féerique. Pour autant, ce spectacle merveilleux ne suffisait pas à apaiser le cœur lourd de la jeune femme. À tout juste vingt-sept ans, elle était déjà lasse de ces jeux amoureux, de ces rencontres et de ces désastres à la chaîne. Meghan attendait d’elle de rencontrer l’homme qui resterait à ses côtés jusqu'au bout du voyage, mais l’envie n’y était plus. À quoi bon ? Ces maigres instants de bonheur valaient-ils vraiment toute cette souffrance ? Le vide de l’absence ?
Liliana poussa un profond soupire. Un couple riant aux éclats approchait du pont, Liliana ne réalisa qu’à cet instant que des larmes roulaient sur ses joues. Il était temps de rentrer.
Tandis qu’elle traversait le pont, Liliana se mit à frissonner. L’air lui parut soudain glacé, une impression étrange s’empara d’elle. Quelqu’un l’observait, tapis dans l’ombre. Mais elle eût beau regarder autour d’elle, il n’y avait personne. Pressant le pas, elle fut enfin rassurée une fois passé la porte de son appartement. Toujours hantée par cette sensation que quelqu'un l’épiait, elle ferma à double tours et appuya une chaise contre la porte. Au moins, si quelqu'un tentait de forcer la serrure, le fracas la réveillerait aussitôt.
Elle saisit un livre dans sa bibliothèque et s’installa au chaud sous ses couvertures soyeuses. Il n’y avait rien de tel pour se détendre qu’une lumière douce et une histoire envoûtante. De quoi s’évader joyeusement au pays des songes…

Liliana était debout, dans un salon inconnu, presque vide de meubles. Dans une des chambres, elle découvrit Meghan qui discutait avec une jeune femme que Liliana n’avait jamais vue. Elles semblaient s’amuser d’une chose particulièrement drôle. Pour une obscure raison, cela ne fit que l’énerver. Liliana entra dans une colère noire, tandis que son amie continuait de rire, l’inconnue ignorant totalement sa présence. Quelle était donc cette scène surréaliste ? Liliana referma la porte avec fracas et se retrouva de nouveau dans l’obscurité du salon.
La pièce était singulière. Dépourvue de fenêtre, tout autour d’elle semblait d’un gris de cendre. L’atmosphère était glacée, oppressante, une sensation familière à la jeune femme. Un peu plus loin, il y avait un large couloir, lui aussi dans la pénombre, avec quelques portes, toutes fermées. Plus elle s’en approchait et plus la sensation s’intensifiait. Terrifiée, elle savait ce qui allait se produire. Elle ne voulait pas, il ne devait pas s’approcher d’elle, mais où pouvait-elle bien se cacher ? Où était-il ?
La porte au fond du couloir s’ouvrit lentement, révélant une lumière brumeuse, éblouissante et douce à la fois. Elle ne pouvait distinguer ce que la pièce renfermait, mais elle savait qu’il était là. Elle voulait fuir, pourtant elle se sentait attirée, elle désirait au fond d’elle pouvoir enfin rencontrer cette étrange présence qui s’insinuait dans ses rêves à l’occasion. C’est là qu’elle le vit. Une fois la porte grande ouverte, sa silhouette fine et musclée se dessina dans un parfait contraste avec la lumière qui irradiait derrière lui. Était-il de dos ? De face ? Liliana ne saurait le dire. Elle était subjuguée par ce corps parfaitement dessiné. Cet homme semblait plutôt jeune, séduisant.
Il resta ainsi, parfaitement immobile, telle une photographie fantomatique. Liliana n’osait pas bouger, partagée entre ce sentiment étrange qu’elle ressentait soudain pour cette apparition, et l’envie de lui hurler de sortir de sa tête, tant la terreur s’était emparée d’elle…
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CHAPITRE 2 - Eden


Le Père de toutes choses avait réuni ses enfants dans la grande salle du trône, au palais. Ces réunions étaient d’ordinaire organisées pour célébrer la naissance de chacune des créatures que leur père enfantait, l’atmosphère était évidemment frémissante.
Le Saint Père était assis dans le trône immense. Il avait une apparence humaine, gigantesque, ou plutôt titanesque. Car c’est bien ce qui le définissait : le Titan. Le tout premier être de ce monde. Rien n’avait existé avant lui. Après une éternité d’errance, seul dans le néant, il n’aspirait qu’à avoir de la compagnie. La solitude était pour lui un fardeau plus terrible encore que la mort. Et pour un être si suprême et immortel, on ne pouvait qu’avec peine imaginer le poids d’une telle douleur dans une si longue existence…
Il avait alors créé divers mondes, diverses créatures. À force d’entraînement et d’erreurs, il avait accompli son dessein : créer les anges, des êtres destinés à l’adorer, à ne jamais le quitter, à ne jamais faillir au rôle qui leur incombait : le servir. En échange, l’immortalité leur était acquise.
Cependant, ses enfants ne lui suffisaient jamais. Il continua alors de créer, encore et encore. Des êtres vivants, des plantes, des planètes, des astres, sans pour autant jamais plus contrôler ses œuvres contrairement à ses précieux anges.
« Mes enfants, ceci est un grand jour. Je vous ai tous convoqués pour célébrer ma nouvelle œuvre. La plus grande de toutes, sans nul doute. »
Le Saint Père commença son discours, Métatron à sa droite gravait sur des cartouches chaque mot que leur Seigneur prononçait. Si un ange pouvait prétendre connaître leur père presque aussi bien qu’il se connaissait lui-même, ce ne pouvait être que Métatron. Il était le premier et avait aussitôt été promu Scribe Divin. Il avait la charge de consigner et de transmettre la parole divine. Il en était pour ainsi dire le gardien.
« Vous le savez, il y a six jours déjà que j’ai entrepris de créer Eretz. La terre est désormais viable, accueillante. Les fleurs, les arbres, les vergers ont poussé. Les océans sont immenses. Les bêtes ont déjà pris leurs espaces, ajouta-t-il sous les clameurs des anges. Mes enfants, l’heure est venue de vous présenter mon tout dernier né. Mon fils. Et pour cette occasion, je vais vous offrir un cadeau… »
Toutes les têtes tournèrent pour regarder leur voisin avec étonnement. Le vénérable Titan avait un présent, pour eux, ses enfants qui l’aimaient tant.
Lilith, qui se tenait aux pieds de son père, les yeux emplis d’admiration, sourit. Son visage s’illuminait, rares étaient les présents de leur père, si bien que le seul véritable cadeau qu’elle chérissait, était sa simple présence à leurs côtés.
« Mes enfants, je n’ai jamais pu vous montrer qui je suis. Vous me voyez tous avec votre regard innocent, votre regard d’enfant. Je suis votre père, votre créateur, chacun de vous me voit à sa façon. Mais vous allez pouvoir découvrir mon fils, un homme. »
Le tumulte parmi la foule s'intensifia. Lilith demeura interdite, ne comprenant pas ce que le mot homme pouvait bien signifier. Son père surprit son regard et tendit la main vers son visage, déposant une caresse délicate sur sa joue, du bout de son doigt gigantesque. Il fit enfin signe à quelqu'un, caché par une draperie, derrière Métatron. Un ange sans aile apparut alors, totalement différent des autres membres de leur race. Sa peau était hâlée, presque sombre. Ses cheveux noirs ondulés tombaient sur ses épaules, quelques mèches masquaient son visage fin et délicat. Il avait des yeux sombres, presque de la couleur des racines des arbres. Il esquissa un sourire timide à l'assemblée, avant de faire une révérence maladroite à son créateur.
« Vous qui avez toujours désiré voir mon visage, cet homme est à mon image. D'argile, je lui ai donné corps. De la rivière, je lui ai donné vie. Aimez-le comme vous m'aimez, protégez-le comme votre enfant. Son nom est Adam, c'est par lui que commencera la nouvelle ère sur Eretz. »
Des clameurs s'élevèrent, mais l'interrogation était palpable. Adam était visiblement mal à l'aise, chose totalement inédite à Eden. Chaque créature du Saint Père s'était toujours instantanément sentie à sa place, connaissant d'instinct son rôle à jouer. Nul ne commettait de maladresse, aucun ne ressentait d'embarras. Ces choses étaient impensables, si leur père l'avait créé à son image, pourquoi alors créer un être visiblement aussi fragile ? Les Archanges froncèrent les sourcils, contrariés de voir leur père ainsi faire offense à son illustre personne. Mikhaël eut même une grimace de dégoût. Il répugnait de voir une telle infamie être ainsi autorisée en ce lieu si sacré, au palais, au côté de leur seigneur, à Eden.
« Mes enfants, je vais avoir besoin de vous. Afin d'accomplir cette grande œuvre, je souhaite offrir pour époux mon fils, Adam, à l'une d'entre vous. Je sais que le seul amour que vous n’ayez jamais connu, est cet amour inconditionnel pour votre père. Et vous dépassez toutes mes espérances, je suis un père ô combien comblé de vous avoir pour enfants. Aussi, j'ai choisi ma fille bien-aimée, ma chère Lilith, pour cette tâche qui me tient si particulièrement à cœur. Lilith, lève-toi mon enfant.
- Père...
- Désormais tu n'aimeras non plus que moi, mais également Adam. Il sera ton époux. A ses côtés, tu rendras Eretz féconde. De toi, naîtra la race des Hommes. Puis-je compter, une fois encore, sur ta dévotion ?
- Père, je serais honorée d'accomplir pour vous cette tâche, je m'évertuerai à vous rendre toujours plus fier de votre fille.
- Je n'en espérais pas moi mon enfant. Dans ce cas, dès demain, tu seras unie à Adam. Par ce rituel, vous ne ferez plus qu'un.
- Votre volonté est mienne, cher père.
- Je vais avoir besoin d'un ange fort, brave et courageux, pour une autre tâche sur Eretz. N'ayant su arrêter mon choix, je sollicite votre volonté. Adam et Lilith auront besoin de protection, d'un guerrier expérimenté, qui veillera à leur sécurité, pour assurer le succès de leur mission. L'un de vous devra donc les suivre, quitter Eden et ses paisibles jardins, pour cette terre inconnue. Qui accepte, mes chers enfants, d'être le gardien de leur union ? »
Un silence incroyable s'abattit soudain dans la salle. Personne n'osait plus se regarder, ni même regarder le Créateur. Lilith ne saisit qu'alors tout ce qu'impliquait la mission que venait de lui donner son père. Elle devrait le quitter, quitter ce monde, tout ce qu'elle avait connu, pour une nouvelle vie, loin de ses frères, de ses sœurs, loin des douces senteurs des rosiers qu'elle aimait tant admirer au petit matin lors de ses promenades jusqu'au verger. Jamais plus, elle ne reverrait son père, elle se sentit vaciller...
Un ange s'avança alors, d'une démarche assurée de soldat. C'était un Archange et pas des moindres : Azraël. Le plus grand combattant de la cour. S'il décidait de suivre Lilith, elle aurait au moins un allié dans cet autre monde. Azraël était son ami depuis leur création, son protecteur. D'aussi loin qu'elle se souvienne, il l'avait toujours prise sous son aile, même quand Mikhaël, l'Archange Suprême, jetait sur elle son courroux. Car elle avait beau être la favorite de leur créateur, il lui arrivait d'être entêtée et téméraire. Allant jusqu'à tenter de combattre un Djinn... Ce jour-là, sans l'intervention d'Azraël, elle aurait bien pu perdre une aile dans l'affrontement. La bête avait attrapé son aile dans sa gueule béante, refusant de lâcher son emprise. L'épée d'Azraël, posée pointe sous sa gorge, avait eu raison de sa voracité et il avait relâché sa proie, épargnant son plumage virginal. Lilith avait été si reconnaissante, qu'elle avait décidé de préparer les repas d'Azraël une saison durant. Il n'avait accepté qu'à contrecœur, refusant de goûter à ses mets délicieux s'il ne pouvait les partager avec elle.
« Azraël, fils ?
- Je souhaite m'engager auprès de vos élus. Je promets de les protéger du mal, de la douleur et des dangers qu'Eretz pourrait leur réserver. Je jure sur ma vie, de protéger la leur, jusqu'à la mort. »
Ses mots frappèrent Lilith en plein cœur. Il ne faisait pas qu'un honneur à leur père, mais à elle aussi. Il poursuivait la promesse qu'il lui avait faite des millénaires plus tôt. Il avait alors juré de veiller sur elle plus que sur sa propre vie. Mikhaël avait beau être l'Archange Suprême, Azraël était le seul à en mériter le titre aux yeux de Lilith.
« Qu'il en soit ainsi. Acclamez vos frères et votre sœur, mes enfants. Acclamez leur courage, admirez leur dévotion. Que leur engagement de ce jour, perdure jusqu'au milliers de générations à venir. Que ma volonté soit faite !
- Que votre volonté soit faite ! »
Sur ces paroles, l'assemblée se dispersa, laissant Lilith, Adam et Azraël seuls avec leur Seigneur.
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CHAPITRE 3 - Aujourd'hui


Liliana se réveilla en sursaut. Un coup d'œil sur son réveil lui indiqua qu'il n'était que trois heures du matin. Elle avait donc dormi à peine deux heures... Trop éveillée pour parvenir à se rendormir, elle décida de se préparer un en-cas et de grignoter devant un programme télévisé.
La sensation familière de ce rêve ne la quitta pas les heures qui suivirent, si bien qu'elle ne parvint ni à se concentrer sur ce qu'elle regardait, ni à se rendormir, tant elle appréhendait de rencontrer à nouveau cet homme mystérieux. Car il avait beau être incroyablement attirant, elle n'en était pas moins effrayée pour autant. Comment expliquer sa présence ? Il ne ressemblait à aucun homme avec qui elle avait pu sortir. Et ce qu'elle avait ressenti en sa présence... Elle connaissait parfaitement cette atmosphère glacée et étouffante. Ces murs gris, comme recouverts de cendres, pareils aux ruines de Pompéi. Ces rêves, aussi étranges soient-ils, la suivaient depuis l'enfance. Les décors étaient généralement familiers, d'abord la maison de ses grands-parents maternels, toujours à l'étage, près de la salle de bain. Elle sentait qu'il était dans cette pièce, sans jamais pour autant parvenir à le voir. La peur qu'il lui inspirait déclenchait sans cesse une tempête dans le couloir, qui la repoussait et la réveillait sur le coup. Il lui apparaissait aussi dans l'appartement où elle avait grandi avec son père. Au niveau du hall d'entrée. Mais cette nuit, le lieu avait changé. Elle ne connaissait pas cet endroit. Elle avait beau fouiller sa mémoire, elle n'y avait jamais mis les pieds. Où était-ce donc ? Et pourquoi cette fois-ci, a-t-elle pu le voir ? Qui était donc cet homme ?
Sans compter toutes ces choses qu'elle n'avait jamais su s'expliquer. Comment avait-elle pu prédire la mort de son animal de compagnie lorsqu'elle n'avait que cinq ans ? Affolée, elle avait clamé à sa belle-mère qu'il fallait mettre en sécurité la petite biquette, qui avait son enclos dans le jardin. Bien sûr, elle n'avait pas été entendue, à cinq ans, on ne peut être prise au sérieux... Mais le lendemain, Liliana avait retrouvé sa gentille bête, gisant inerte sur le sol. Sans vie. Elle avait prédit sa mort. Puis ils ont adopté une autre biquette. Toute jeune, elle était maintenue par un cordage épais qu'elle ne pourrait ronger. Nouvelle panique, cette fois les mots de Liliana avaient changé : « Elle ne sera plus là demain. » Et en effet, le lendemain, la corde avait été retrouvée, coupée net... Des choses comme celles-ci, se sont réitérées par la suite. Lorsque son oncle appela son père un dimanche, elle sut dès qu'il décrocha, qu'un drame s'était produit. Sa belle-mère ne comprit pas comment, mais elle la dévisagea curieusement lorsque son père annonça la mort du patriarche, survenue un peu plus tôt. Son père a préféré ignorer l'expression de stupeur sur le visage de sa compagne, tandis que Liliana lui demandait silencieusement de garder le silence sur sa prédiction. Car déjà, une semaine auparavant, elle avait attiré les foudres de son père en bousculant un être invisible... Cet être invisible, glacé, qu'elle avait bousculé comme s'il s'était agi d'une véritable personne.
A ce souvenir, Liliana frémit. Elle reconnut instantanément cette sensation. Comment n'avait-elle encore jamais fait le rapprochement ? Ce ne pouvait être que ça ! Cet homme était forcément la chose qu'elle avait bousculé et qui lui inspirait crainte, froid et mort ! Mais comment ? Pourquoi ?
Liliana s'empara de son ordinateur et entreprit d'en savoir plus sur les créatures légendaires qui peuplent les différences croyances religieuses et ésotériques. Personne n'a encore jamais bousculé d'êtres invisibles... Zut ! Mais elle a fini par trouver quelqu'un qui pourrait bien correspondre à ce qu'elle ressent de cet homme, un nom, celui d'un ange : Azraël. Merci internet, c'était bien la bible de la connaissance. Azraël... Ce nom résonnait curieusement en elle. Az, pensa-t-elle. Était-ce bien lui ? Ou un simple effet de l'esprit, pour combler ses lacunes ? Non, elle ne se trompait pas. C'était bel et bien son nom. Mais alors, pourquoi serait-elle hantée par l'ange de la Mort lui-même ? Que pourrait-il bien avoir à faire d'une jeune londonienne totalement anonyme ? Après tout, elle était passée à côté de la mort plusieurs fois, ayant grandi avec une malformation cardiaque, la mort subite, elle l'a déjà expérimentée plus d'une fois... Mais cela ne faisait pas d'elle une personne suffisamment exceptionnelle pour être ainsi remarquée. Était-ce lui qui la prévenait lorsqu'il devait venir chercher l'âme de ses proches ? Pour la préparer ?
Ces questions tournèrent dans sa tête jusqu'à ce qu'elle finisse par se rendormir en début de soirée le dimanche soir.
Le lundi matin suivant, Liliana avait sa demi-journée de libre, mise-à-jour du système informatique oblige. Elle en profita pour flâner un peu dans les rues commerçantes de la ville. Plonger dans un bon bain de réalité et de shopping était sans doute le meilleur remède pour chasser Azraël de ses pensées. Si seulement elle n'avait pas aperçu cette petite boutique au coin de la rue...
Un petit chaudron métallique trônait au-dessus de la porte du magasin. La vitrine était curieuse, décorée de tissus, d'objets ésotériques divers et variés. Quelques cônes d'encens diffusaient de fines lignes de fumée à travers la pièce. Liliana sourit, après tout, l'expérience pourrait être amusante ? Au point où elle en était...
Lorsqu'elle poussa la porte d'entrée, une petite clochette tinta joyeusement. Une femme d'un âge assez avancé sortit d'une arrière salle, cachée par une bibliothèque poussiéreuse. Ses yeux bleus perçants s'arrêtèrent sur Liliana, qui les vit s'écarquiller discrètement.
« Le poids du passé semble peser lourdement sur vos épaules, jeune fille, dit la dame avant de tendre une main ridée et recouverte de bagues en direction de Liliana.
- Euh... Possible. Bonjour.
- Je m'appelle Miranda. Et ce n'est pas possible, c'est même certain. Que puis-je pour vous ? J'ai quelques herbes apaisantes si vous le souhaitez.
- Je ne suis pas venue ici dans un but précis en fait. Je me promenais et je suis tombée sur votre boutique totalement par hasard.
- Le hasard ? Existe-t-il vraiment ? reprit la vieille dame toujours aussi énigmatique.
- Je dirais que oui, puisque je ne cherchais pas votre boutique, je ne la connaissais même pas, en réalité.
- Beaucoup de choses existent sans qu'on ne soupçonne leur existence, accepter cette réalité, c'est accepter les choix que la vie peut faire pour nous.
- Vous parlez souvent sous forme d'énigmes ou c'est votre truc pour attirer les clients ?
- Sarcastique en plus de ça ? Vous, je vous aime bien ! Mais assez plaisanté, quelque chose vous tracasse, je le sens, je le perçois dans votre aura.
- En fait, je ne sais pas vraiment moi-même. Il y a des choses étranges qui se produisent, quand je dors, quand je suis éveillée. J'ai l'impression d'avoir la réponse sous les yeux, mais je n'arrive pas à la voir. C'est assez...
- Angoissant ? Je comprends. Que diriez-vous d'un tirage de tarot ? Les cartes peuvent parfois nous en révéler plus sur nous-mêmes que nous ne l'aurions soupçonné.
- D'accord. »
Miranda invita Liliana à la suivre dans le vestibule, derrière la bibliothèque d'où elle était d'abord apparue. Une table trônait au milieu de la pièce austère. Une nappe usée en velours, un paquet de cartes, une bougie blanche et quelques herbes qui brûlaient doucement dans un pot constituaient les seuls éléments décoratifs du lieu. Plutôt surprenant pour une diseuse de bonne aventure, Liliana les imaginait plutôt encerclées par tout un tas de babioles angoissantes qui renforceraient ainsi leur crédibilité auprès des clientes désespérées qui viendraient leur demander : « Mon époux me trompe-t-il avec la voisine ? »
Miranda lui fit signe de s'asseoir et se mit à battre les cartes avant de les aligner en une ligne parfaite face à Liliana.
« Choisissez trois cartes je vous prie. Dans l'ordre. »
Liliana s'exécuta, désignant le dos des cartes qui l'inspiraient. La première représentait La Maison Dieu. Miranda secoua la tête en signe de négation, mais Liliana ne comprenait pas de quoi il retournait. La seconde carte, quant à elle, désignait l'amoureux. Miranda lui demanda s'il y avait un homme dans sa vie, mais Liliana était célibataire. Elle ne dit rien pour l'inconnu de ses rêves, pour ne pas donner de piste à Miranda et découvrir si véritablement elle a un don de divination quelconque.
La dernière carte troubla bien plus les deux femmes : la carte du Jugement. Miranda se mordit la lèvre inférieure, pianotant le rebord de la table. Elle intima Liliana de tirer une dernière carte, qui éclairerait sur l'ensemble du tirage.
« Cet homme ne peut vous apporter que malheur et mort, Liliana.
- Quel homme ? Et comment connaissez-vous mon nom ?
- Je suis une tzigane, pas une de ces vulgaires tricheuses qui vantent leurs mérites en lisant dans des feuilles de thé Lipton. Je sais que vous ne me dites pas tout, mais ne cherchez pas cet homme, ne le cherchez surtout pas. Il ne vous a jamais attiré que la douleur.
- Attiré ? Attendez, je ne le connais même pas, je ne sais rien de lui, je ne l'ai jamais rencontré. Comment aurait-il pu m'attirer des ennuis ?
- Le passé ne se résume pas qu'en simples années de vie de mortelle, jeune fille. Le passé, est plus profond, plus enfoui, il peut même être ancestral... Mais croyez-moi, ne vous aventurez pas sur ce terrain-là.
- Pourquoi ? Qu'est-ce que je risque ? Qu'avez-vous vu ?
- Votre histoire, votre amour, vous êtes tous deux maudits. Vous ne pourrez être réunis, pas même dans la mort. Car elle vous est refusée.
- Arrêtez avec ces énigmes ! Écoutez, j'ai besoin de comprendre qui il est. Ensuite, je tournerai la page s'il le faut vraiment, mais tant que je me poserai ces questions, je ne pourrai pas avancer.
- Parfois, il est préférable de laisser ce qui a été perdu, là où il est... Mais vous êtes libre de choisir après tout. Il s'agit de votre vie. Votre destin. Alors, si vous voulez des réponses, il vous faudra remonter dans vos vies passées. Là, est la clé.
- La clé de quoi ?
- La clé de ce secret. La raison pour laquelle vous avez tous deux étés envoûtés.
- Envoûtés ? Par qui ?
- Ça, je l'ignore... J'ai beau avoir le don de double vue, je ne suis malheureusement pas encore omnisciente. Mais prenez garde, la mort plane autour de vous. Il vous faut vous montrer extrêmement prudente.
- D'accord. Mais que dois-je faire ?
- Explorer vos vies antérieures. Voyager dans le temps, au travers des souvenirs que renferme votre âme. Pour cela, vous aurez besoin d'un breuvage, dit Miranda en sortant une petite bourse de sous le comptoir. Quelques feuilles suffisent pour une tasse de thé chaud. Ne mélangez pas de sucre ni de lait, rien que de l'eau et ces herbes. Mais prenez garde, ne vous aventurez pas trop profondément dans ces souvenirs. Sinon, le passé pourrait devenir présent, et le présent, disparaître à jamais.
- En gros, je pourrais rester coincée ? C'est ce que vous voulez dire ?
- En gros, oui. Bonne chance Liliana, que Dieu vous protège... »
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CHAPITRE 4 - Eden


Alors que Lilith s’avançait vers son futur époux au bras d’Azraël, les Séraphins entamèrent leurs chœurs. Un chant mélodieux et envoûtant se mit à résonner autour d’eux, jusque dans leurs cœurs. L’instant n’en était que plus beau et pur. Mikhaël portait une élégante robe blanche, liserée d’or. En maître de cérémonie, il se tenait au pied du pêcher. Adam, devant lui, était vêtu de lin, qui rehaussait plus encore le teint mat de sa peau. En plus d’être dépourvu d’ailes, il était le seul à arborer une barbe naissante. Elle-même était aussi brune que ses cheveux d’ébène. Il salua d'un simple hochement de tête Lilith, lorsqu'elle s'arrêta à sa hauteur.
L’événement qui aurait dû être le plus grand de son existence, ne lui apparut dès lors que plus sordide. Mikhaël s'affairait à préparer différents artefacts qui serviraient au rituel. Adam demeurait droit, le regard lointain, tel un soldat passé en revue. Lilith lança un regard circulaire à l'assemblée. Autour du pêcher, anges et Archanges s'étaient réunis pour assister à leur union sacrée. Les Séraphins les encerclaient, diffusant leur chant par-delà le royaume, tandis que les Chérubins jouaient de leurs trompettes, virevoltant joyeusement dans les airs. Un décor de rêve... Et pourtant, il manquait à Lilith l'être le plus cher. Celui dont la présence comptait plus que tout pour pareil moment. Lui qui avait investi Lilith de cette mission, lui qui lui demandait le plus grand des sacrifices, n'avait pas même daigné assister à la cérémonie. Lorsque Mikhaël donna le signal afin d'entamer le rituel, Lilith s'efforça de chasser ces pensées de son esprit et se concentra sur Adam, qui tendait les mains, paumes ouvertes, vers elle.
Mikhaël s'exécutait avec grâce. Récitant des textes sacrés, il semblait être coutumier des faits, pourtant c'était une première. Nouant une liane autour des mains jointes d'Adam et Lilith, il récita :
« Par ce lien, vous promettez d'affronter l'adversité main dans la main. L'union fait la force, puisse la vôtre vous rendre immortels, dit-il tandis qu'un Chérubin s'avança vers lui, une pêche coupée en deux dans ses petites mains potelées. Par ce fruit, je vous réunis Adam et Lilith. Vous partagerez vos vies, vos victuailles et vos malheurs, ajouta Mikhaël en invitant les époux à croquer dans leur moitié de pêche. Enfin, par l'Eau de Vie contenue dans ce Calice d'argent, recevez la bénédiction divine. Mêlez tous deux une goutte de votre sang, puis buvez la même coupe. Par ce rituel, vous serez époux, homme et femme, les premiers d'une longue lignée, promise à un glorieux destin. Notre Seigneur vous a désignés pour la plus grande mission qui nous ait jamais été confiée. Vous quittez Eden, pour bâtir votre propre jardin. Puissiez-vous avoir une vie longue et prospère, puissions-nous nous retrouver. »
Sur ces dernières paroles, suivies d'un chant religieux déchirant des Séraphins, Adam et Lilith achevèrent le rituel en buvant comme Mikhaël l'avait demandé, à même la coupe. Les acclamations et applaudissements ne se firent pas attendre, Lilith en fut prise de vertiges. Tandis qu'Adam suivait Mikhaël rejoindre les Archanges qui souhaitaient certainement le féliciter, Lilith s'assit au pied de la rivière, profitant d'un moment de tranquillité pour reprendre ses esprits.
« Pour une jeune épouse, tu n'as pas l'air particulièrement heureuse, observa Azraël qui s'installa à son côté.
- Je ne connais pas Adam, difficile dans ce cas de me sentir enthousiaste, ne crois-tu pas ?
- Certainement. Mais tu as l'air disons... étrange depuis le rituel.
- Quitter Eden n'est pas chose aisée. Tu sais Azraël, je n'ai connu que ce royaume, les vergers, les jardins, les terrasses célestes et le palais. Qu'allons-nous trouver à Eretz ? Est-ce aussi beau qu'ici ?
- Père a créé ce monde. Je suis convaincu qu'il sera encore plus beau que tout ce que nous saurions imaginer.
- Ta foi m'étonnera toujours. Tu as une telle confiance positive en toute chose, je t'envie.
- Pourquoi ? Tu as autant foi que moi.
- Oui, mais il m'arrive de voir les choses telles qu'elles sont. Regarde, par exemple, pour les Djinns. Père et toi, vous pensez que leur laisser la liberté a une vertu. Pourtant, je ne vois que les dégâts qu'ils peuvent faire, il m'arrive même parfois de les deviner.
- Ce n'est pas un mal. C'est même peut-être cette particularité qui a poussé Père à te nommer pour être la mère de tous les Hommes. Ton instinct te pousse à anticiper les choses, pour protéger ceux qui t'entourent. Qui pourrait envisager meilleure mère que toi ?
- Dans ce cas... Pourquoi n'est-il pas venu ? Nous nous apprêtons à partir, à quitter ce monde, nous n'y reviendrons jamais.
- Parfois, dire au revoir est trop difficile, répondit Azraël soudain le regard sombre.
- Tu ne veux pas t'en aller, n'est-ce pas ?
- Quoi ? Si, bien entendu, pourquoi cette question ?
- J'ai cru comprendre que tu n'arrivais pas à dire au revoir à quelqu'un.
- Ne t'en fais pas. Être un Archange me manquera, mais j'aime l'aventure. Je sens que je vais m'amuser sur Eretz. »
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CHAPITRE 5 - Aujourd'hui


Après sa rencontre avec Miranda, il ne restait à Liliana plus que le temps de déjeuner sur le pouce avant de se rendre au travail. Elle ne parvint pas à se concentrer sur le moindre dossier des clients de la mutuelle. La pile de demandes d'indemnisations ne faisait que grossir. Quatre heures plus tard, elle n'avait traité qu'une dizaine de dossiers. Cependant, tout ce qui lui importait était le contenu de cette petite bourse pourpre, cachée au fond de son sac. L'idée de plonger dans les souvenirs de ses vies antérieures l'impatientait mais la terrifiait également. Qu'allait-elle y découvrir ? Après tout, faire confiance à une tzigane mystérieuse n'était peut-être pas l'idée du siècle. Courir après l'ange de la Mort non plus, d'ailleurs. Liliana sentait bien qu'elle s'embarquait dans une entreprise dangereuse dont elle ne sortirait pas indemne. Le tout était de savoir à quel point...
Après un dîner rapide avec des petits plats commandés chez le traiteur chinois du quartier, Liliana prépara une tasse de l'infusion que Miranda lui avait donnée. Son parfum était âpre, épicé et particulièrement désagréable. Elle regretta aussitôt la recommandation de la bohémienne de ne rien ajouter pour rendre le goût plus supportable. Mais ne connaissant pas les effets secondaires, elle préféra ne pas courir le risque et avala une gorgée du breuvage puis s'allongea dans son canapé et ferma les yeux, attendant une vision.
Liliana se trouvait dans ce qui ressemblait à un vestibule. Une console en bois sculpté était adossée à un mur, recouvert de photographies en noir et blanc. Le mur tapissé était coloré et sombre, avec de fins motifs floraux. Sur la console, trônait un magnifique bouquet de fleurs, dans un vase somptueux, sans doute en cristal. La lumière extérieure filtrait à travers une porte vitrée, également ornée de motifs de fleurs. La décoration était soignée, le luxe de la maison était flagrant, sans pour autant être ostentatoire.
Des voix de l'autre côté de la porte derrière Liliana la firent sursauter. Une jeune femme, sans doute une domestique considérant la robe noire et le tablier blanc qu'elle portait, quitta la pièce timidement, plateau à la main. Elle ne semblait pas voir Liliana, lui passant même au travers. Était-ce donc ainsi que l'on voyageait à travers les souvenirs ?
La jeune femme imita la domestique et traversa la porte. Elle découvrit un groupe de femmes, livre à la main, en pleine discussion. Leurs toilettes étaient si impeccables qu'elle en eut le souffle coupé. A en juger par leurs tenues et leurs coiffes, Liliana était remontée jusqu'au dix-neuvième. Elle se reconnut alors. Les mêmes traits fins, les mêmes yeux noisette, Liliana contempla son alter ego avec un mélange de surprise et d'admiration.
« J'ai repensé au dernier sermon de Père Hastings. Ne trouvez-vous pas cette histoire curieuse ?
- Laquelle Lady Catherine ?
- Adam et Eve. Toute la généalogie des Hommes remonterait à ce couple. Un seul couple, c'est peu pour s'assurer que l'Homme survivra, ne trouvez-vous pas ?
- L’œuvre de Dieu est complexe. Ses enfants ont toujours tous accompli leur destin, même si de sombres desseins ont pu chercher à contrer ses actions.
- C'est tout à fait juste. Reprenez notre pauvre Jésus, parce qu'il était fils de Dieu, il fut condamné et crucifié, jusqu'à la mort. Dieu n'a pas autorisé ce blasphème et a rendu vie à son fils bien-aimé. Ce sont-là les miracles du Tout-Puissant.
- Pourtant, Dieu pardonne tout. Alors pourquoi interdire le fait de manger les pommes de l'arbre de Vie ? Le Paradis n'est-il pas un lieu de pureté et de partage ? C'est pourtant ce que la Bible nous enseigne. Cependant, un serpent a pu y entrer et pervertir Eve, créée par Dieu à partir d'une côte d'Adam. Qui est lui-même créé à l'image de Dieu.
- Que voulez-vous dire ?
- Si l'Homme peut être amené à la tentation du malin et qu'il est à l'image de Dieu. Alors Dieu peut être également lui-même tenté ? Est-il donc si pur ?
- Lady Catherine, vous ne devriez pas songer autant. Si Père Hastings vous entendait, il vous châtierait pour avoir osé blasphémer sur notre Seigneur.
- Je ne commets là nul blasphème, je m'efforce de comprendre au mieux notre sainte Bible. »
Liliana ne saisissait pas vraiment ce qu'elle voyait. Lady Catherine était donc une fervente croyante ? Pourtant, elle-même n'avait que très peu mis les pieds dans une église, n'avait jamais été baptisée ni même cherché à connaître les fables de ce texte qu'elle n'associait qu'à des fanatiques. Tandis que ces dames s'affairaient à ranger leurs affaires et à quitter la maison de leur hôtesse, la vision s'embrouilla et Liliana rouvrit les yeux dans son salon, éblouie par le lustre resté allumé au-dessus d'elle.
Consultant sa montre, elle se rendit compte qu'il était à peine vingt-et-une heure. Trop tôt pour aller se coucher. Elle termina sa box de nouilles sautées qui avaient désormais refroidi, tout en songeant à sa vision d'elle-même. Son alter ego paraissait être une femme cultivée, instruite, intelligente. Pourtant elle accordait tant de crédit à la Bible, que Liliana s'interrogeait. Et puis, pourquoi avait-elle débarqué à cet instant précis ? Miranda lui avait assuré qu'elle trouverait des réponses en voyageant dans ses souvenirs, mais elle n'y avait pas vu l'homme de son rêve, ni même entendu Lady Catherine aborder le sujet. Tout ce dont elle avait parlé, était l'apparition de l'Homme sur Terre, avec son lot de niaiseries chrétiennes, défendues par sa cour de visiteuses du dimanche. C'était tout bonnement insensé. Il fallait qu'elle en voie plus. Une seconde rasade de tisane avalée, Liliana se rallongea dans son canapé, bien au chaud, emmitouflée dans son plaid.
Cette fois, Liliana se retrouva devant une vieille masure, dont les murs semblaient être constitués d'un mélange de roche, de bois et de terre. La ville était sommaire, les habitants paraissaient pauvres, le sol était boueux, certains se déplaçaient sur des ânes ou des chevaux de trait. Était-elle au Moyen-Age ? En tous cas, cela y ressemblait fortement.
La porte de la maison s'ouvrit, le bois frotta le sol, émettant un son désagréable qui fit sursauter Liliana. Une femme, plus âgée qu'elle, en sortit, dessinant un signe de croix sur sa poitrine. Pourquoi était-elle visiblement abonnée à des croyantes aussi obnubilées par la religion ? Liliana suivit son alter ego jusqu'à une petite église en bois, quelques centaines de mètres plus loin. Elle la vit saluer le curé, qui accueillait ses ouailles. Il la regarda à peine, lui faisant signe d'entrer et s'installer rapidement. Des murmures sur son passage révélèrent à Liliana que son ancienne existence faisait l'objet de ragots, particulièrement haineux. Tendant l'oreille, elle comprit que, dans cette vie, elle était veuve. Son époux avait succombé à la peste, ce fléau envoyé par le malin, ainsi que l'on considérait cette maladie à l'époque. Il n'en fallut pas plus à Liliana pour saisir la raison de ce mépris pour cette pauvre veuve éplorée : ils la tenaient tous pour responsable. Elle avait forcément attiré le malin au sein de sa maison, et condamné ainsi son mari. Ainsi, pratiquants, curé, tous s'étaient détournés d'elle. Pourtant, elle continuait de se rendre à la messe dominicale, sa foi demeurait intacte. Pourquoi ? Dieu l'avait clairement abandonnée, si tant est qu'il eût jamais existé. Alors pourquoi cette dévotion aveugle et sans retour ?
Tout en observant le décor qui l'entourait, Liliana avança jusqu'au premier rang, face au curé qui entamait son sermon. Accompagné de ses religieuses qui entonnaient quelques chants à mesure de ses citations de la Bible, il récitait des passages, invitant ses ouailles à lire les extraits dans leurs Bibles. Il parlait d’une voix assurée, en prêcheur averti, tous dans l'assemblée buvaient ses paroles, hochant la tête avec conviction à l'occasion. Lui aussi, lança le sujet d'Adam, premier homme sur Terre. Mais qu'avaient-ils tous avec ce personnage ? Ce n'était qu'une fable après tout.
« Adam, comme tous les hommes, travailla la terre. A la sueur de son front, il en cueillit ses fruits. Le labeur quotidien, est sa pénitence. Retenez ceci mes enfants, c'est par la souffrance, par le don de soi envers Dieu et sa miséricorde, que vous vous envolerez un jour à ses côtés. Adam a su gagner son droit d'entrée, malgré les traîtrises de sa compagne. La femme, éternelle tentatrice, doit lutter contre le malin qui cherchera toujours à la détourner de son devoir. Dieu a dit : tu seras fidèle. Rappelez-vous le châtiment qui frappa l'épouse d'Adam. »
Que racontait donc cet imbécile ? Liliana avait beau ne pas être croyante, elle connaissait un minimum le sujet. Eve n'était pas infidèle à Adam, elle fut tentée par le Diable de goûter au pommier interdit, du jardin d'Eden. Fort heureusement, le curé ignorait sa présence et elle put fulminer à loisir devant son prêche rempli d'incohérences.
« Lilith, en se détournant d'Adam, succomba à la tentation et délaissa son époux. Dieu est miséricordieux, mais ne saurait tolérer pareille trahison. C'est ainsi qu'il bannit Lilith, condamnée à errer en Enfer, parmi les démons. Adam, qui n'avait jamais trahi la volonté du Seigneur, reçut un cadeau, car les fidèles sont toujours récompensés par notre Seigneur. Ainsi, il reçut Eve. »
La misogynie de ce curé écœurait Liliana. Comme si les hommes étaient à ce point supérieurs aux femmes, il n'était pas si surprenant que cette idée soit toujours aussi ancrée dans l'esprit des gens à son époque...
Mais plus encore que l'ampleur de l'égo masculin, ce fut ce prénom qui la frappa de plein fouet : Lilith. Même son alter ego avait tressailli à l'évocation de cette femme, de même que Liliana. Une impression curieuse la traversa. Plus encore, c'était comme si son âme résonnait. Pourtant, le prêche de ce curé sonnait faux... Lilith n'était pas cette créature fourbe que le religieux dépeignait. Elle prononça son nom, comme pour s'en imprégner. C'est alors qu'elle l'entendit. Suave, douce, la voix résonnait comme un murmure étouffé. Elle se mit à regarder tout autour d'elle, mais personne ne semblait réagir, trop concentrés sur le psaume récité par une jeune religieuse à la voix fluette. Liliana était la seule à entendre cette voix, celle d'un homme, qui lui chavirait le cœur sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Il ne prononçait qu'un seul mot : Lilith. Ce à quoi elle répondit, mue par un instinct ancestral :
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Message non lu par lélé »

J'ai récemment lu un roman sur deux périodes différentes.
J'en suis à la moitié
<2
Merci de ton partage
Secondaire progressive.
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Message non lu par maglight »

Houpelàpelà ely !
je me suis arrêtée au passage ou l'homme est planqué dans la pénombre. Après les joints de carrelage, la réponse qui devait s'ensuivre a arrêté ma lecture.
Tu as une belle écriture. Le choix des mots est pour moi capital. La langue française a cet avantage de déployer des finesses de précision qui permettent de se perdre sans fin. Je te vois te délecter dans le choix de tes mots. Je sens toute cette gymnastique de précision à travers ton texte.
Tu maitrises les transitions de style et ça ryhme ton récit.
je ne suis pas la mieux placé ici sur l'écriture, Notre baschô, que je salue au passage, aurait certainement un commentaire beaucoup plus technique que moi.
Juste, il y a une vibration dans chaque mots et ton vocabulaire résonne en mon corps car il le reconnait, comme son ancienne chaire !
je n'écris plus depuis longtemps, Ely, mais il y a des sensations, je constate, à la lecture, comme à l'écriture qui ne peuvent s'oublier.
merci pour le partage.... Je ne pousse pas plus loin, mais cette arme que tu détiens, cet imaginaire si vivace est une arme redoutable contre la maladie. A utiliser sans modération
Merci pour ta signature.Tu as su sentir a quel point, la clarté me semble une précaution pour tous.
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Re: Un peu de lecture pour ceux qui veulent... Extraits de mon premier roman :)

Message non lu par Nostromo »

Yo Ely,

Dans la littérature, c’est comme dans la vie réelle, il y a la forme et il y a le fond. La forme ne m’intéresse pas à ce stade. Sur le fond, je trouve beaucoup de Boulgakov dans tes propos. Ce qui me réjouit : Il y a pire, comme référence, mais ça place d’emblée la barre très haut.

...

Il est salutaire de placer d’emblée la barre très haut.

Continue comme ça (ne te l’ai-je pas déjà dit ?)

JP
sep récurrente-rémittente depuis 1993, diagnostiquée en 1995.
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Re: Un peu de lecture pour ceux qui veulent... Extraits de mon premier roman :)

Message non lu par Eccedentesia »

Merci Mag et JP!

L'écriture est pour moi la plus grande des libertés, je ne la lâcherai jamais. Merci de vos remarques qui me renforcent dans l'idée que ça vaut le coup d'y consacrer autant de temps et d'énergie. J'espère venir vite à bout du tome 2 qui traîne depuis plusieurs mois maintenant :)
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