La fable des grands chênes

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zac

La fable des grands chênes

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Deux chênes sur une colline, fiers et droits,

aux branches élancées, aux ramures verte,

s’élevaient corps et âmes tels des Rois,

bravant le temps et repoussant la tempête.


Leur houppier était visible à près de quinze lieues ;

leur fût régulier, forts lisse, beaux, majestueux ;

le vent portaient leurs noms, la pluie les murmurait,

dans le bois le plus proche les arbrisseaux les priaient.


Deux fois par an, de partout venaient les Hommes,

une grande cérémonie alentour alors prenait forme ;

ils dansaient et riaient dans une folle farandole,

des minuscules aux rites étranges et à la peau molle.


Puis ces curieux animaux partaient sans raison,

emportant le bois mort et les glands de saison,

laissant aux résidents de biens maigres festins,

quand ils n’étaient pas eux-même le repas du matin.


Les deux chênes observaient le monde ainsi

et le monde entier les contemplaient aussi :

c’étaient deux grands sages, nobles et imposants,

du moins en apparence mais qu’en est-il au dedans ?


Le premier scrutait parfois le ciel et les nuages

former d’étranges arabesques, d’Epinal images,

mais préférait porter un attentif bonheur

à ce monde minuscule battu par le labeur.


Le second quant à lui observait le monde comme un mage,

protégeant de son mieux des bourrasques de l’orage,

accueillant dans ses branches quelques menus locataires,

respirant l’air frais en se nourrissant de la Terre.


Tous deux étaient d’esprits intelligent et éveil,

pour toute question émise réponses étaient conseils,

car de leur pied jamais il n’avait vue d’autre horizon,

que la verte pâture qui se dessinait en amont.


Un jour un gland fut tenté de planter racines,

transporté par les airs et remontant par le vent,

avec intérêt il écouta ses parents,

caressant les années d’approcher leurs cimes.


Il élevait ses branches printemps après printemps,

bravant tous les orages et les caprices du temps ;

on disait de lui qu’il atteindrait bientôt les cieux,

dépassant bien d’une couronne celle de ses aïeux.


Les vieux sages écoutaient et n’en avaient pourtant cure.

Car sous les astres tous les signes qui se murmurent,

quand il s’agit d’éclaircit une nouvelle oraison,

le béat candide s’active en toute saison.


“Maîtres, demanda-t-il soudain, suis-je assez grand ?”

“Non, répondit-le premier, mais un jour peut être,

car avant de grandir prend pour compliment :

le frêle roseau plie quelque soit la tempête”.


“Hélas, poursuivait le second, car ici quand il vente,

de tes branches les plus hautes s’envolent des nids,

il te faut bien les protéger et ceci à tout prix,

la hauteur ne cède pas un Roi par la pensée que tu vantes. “


“Maîtres, je vous remercie de vos propos sans ambages.

Je vous rends grâce et sans doute un hommage,

en récitant dans le vent vos précieux discours,

aux chênaies lointaines où siège notre Cours.”


“Nous ne connaissons à ce jour ni de Règne ni de Roi,

que nos branches n’aient salué au relief ici bas.

Que sais-tu toi que le vent nous a porté ?

Une chênaie ? Par dieu ! Autre chose d’insensé ?”


“Je dis mon seigneur que votre verbe est pure,

et qu’avec mes mots au vent gai j’en conjure,

de porter jusqu’au Roi vos biens sages paroles,

afin que tous saches qu’ils sont pas ceux d’arols”


“Soit ! Un Roi dis-tu ? Alors qu’il en soit ainsi !

Et c’est à cette insigne faveur que je m’associe :

tu seras porte voix, tu seras messager,

afin de donner jusqu’aux lieues nos devises éclairés !”


Le second chêne qui jusqu’ici ne disait rien,

contempla la scène et le récit œdipien,

préférant se soustraire plutôt que donner son avis,

il délaissa son frère à ce jeune parti.


“J’ai entendu dire que nul prophète est dans son pays,

et ce jeune chêneau semble bien l’avoir compris ;

par des mots habillés un sage peut perdre la tête,

pour nourrir son esprit d’emphase et de conquête.”


Un printemps merveilleux succéda à l’hivers.

La contrée lentement s’étira dans le vert.

Les Humains arrivaient, saltimbanques et babioles,

comme à chaque saison une étrange caracole.


Leur nombre croissait comme les grenouilles du lac,

qui parfois remontaient pour contempler l’obstacle :

Deux chênes anciens que la mousse recouvrait

et un jeune arbrisseau qu’une route encombrait.


On avait tenté jusqu’ici par d’heureux détours,

d’empêcher la scierie et le commerce du tour,

protégeant patrimoine et motifs sur bois,

gravé depuis des siècles dans l’écorce des Rois.


Mais la colline était creusée pour sa veine d’orpiment

et manquait de tomber sous le poids des géants.

L’idée à germée dans une tête molle imberbe,

qu’il faudrait couper la chênaie des superbes.


L’idée se répandit et poussa l’opposants,

à dormir dans les branches au milieu du bouquant ;

si leurs oreilles étaient sensibles au bruissement des feuilles,

ils auraient entendu autant de sagesse que d’orgueil.


“Un hêtre avant moi contempla-t-il le monde ?

Car il semble que mes racines sont assez profondes !

Et si mes branches peuvent aller à vau l’eau,

ma cime aux étoiles touche-t-elle ce qu’elle vaut ?”


“Seigneurs, puisque vous me dépasser d’une crête encore,

par votre sagesse et votre inflexible décors,

que voyez-vous de ma stature que je me cerne mieux,

que puis-je faire encore pour atteindre les cieux ?”


Le premier chêne se contenta d’acquiescer lentement,

habitué sur sa personne à entendre ravissements.

le second réfléchit, et toute une journée cela prit,

quand le crépuscule pointa, le plus sage s’enquit :


“La valeur d’un nuage est-elle sensible aux comètes ?

Un jeune chêne que le soleil monte à la tête,

est-il un chêne sans racine, sans foyer, sans âme ?

Quelles richesses donnes-tu à tant de palabre ?’”


Le chêneau a qui l’on n’avait jusqu’ici pas déplus,

soudain vira au rouge que maladie on lui crû.

Les Hommes surpris descendirent de leurs branches,

sortirent leurs scies et le transformèrent en planche.


Si la moralité de cette histoire vous échappe un peu,

elle m’échappe aussi mais c’est parce que je suis vieux.

Quelque soit le motif qui vous montent à la tête,

un égo plie bien sous quelques courbettes.


zac le poete - texte intégral - 2009
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