Quand l’intestin protège le cerveau
Posté : 16 juil. 2018, 12:40
Quand l’intestin protège le cerveau
Cerveau&Psycho - Guillaume Jacquemont - 10 juillet 2018
Les bactéries de notre intestin seraient capables de ralentir la progression des maladies neurodégénératives. Des chercheurs viennent de découvrir comment.
La lutte contre les maladies neurodégénératives [comme la sclérose en plaques] et les tumeurs cérébrales passera-t-elle par nos intestins ? C’est bien possible, à en croire une série de travaux publiés entre 2016 et ces dernières semaines par l’équipe de Francisco Quintana, de l’École médicale Harvard, à Boston. Dans nombre de ces maladies, une inflammation du cerveau aggraverait les symptômes. Or les chercheurs ont montré que certains produits synthétisés par le microbiote intestinal atténuent cette inflammation. Ils ont aussi identifié les complexes voies cellulaires et moléculaires par lesquelles ces produits agissent sur notre encéphale.
Quintana et ses collègues ont utilisé des souris atteintes de sclérose en plaques (plus exactement, développant l’équivalent de cette maladie pour les rongeurs), et leur ont administré un régime plus ou moins enrichi en tryptophane – un acide aminé essentiel à l’organisme et présent dans de nombreux aliments, comme le riz complet, la viande ou le chocolat. Ils ont alors constaté que ce nutriment ralentit la progression de la maladie. (...)
Le microbiote s’invite dans le bal des cellules cérébrales
(...) Le scénario qu’ils ont découvert comprend deux protagonistes principaux : les cellules microgliales et les astrocytes. Les premières sont les cellules immunitaires du cerveau, tandis que les secondes ont de multiples rôles : nourrissage des neurones, modulation de leurs communications, évacuation de leurs déchets… Mais ils peuvent aussi fabriquer des substances toxiques pour eux. C’est ce qui se produit quand l’inflammation aggrave la maladie.
Or les cellules microgliales « télécommandent » en partie la production des astrocytes. Les métabolites issus de la digestion du tryptophane interagiraient alors avec ces cellules, qui empêcheraient ensuite les astrocytes de diffuser des substances neurotoxiques. (...)
Une armée de cent mille milliards de soldats
Des travaux complémentaires seront aussi nécessaires pour valider l’efficacité de ce mécanisme chez les patients humains, et éventuellement aboutir à des recommandations alimentaires précises. L’équipe de Quintana développe également des probiotiques – des bactéries susceptibles de s’implanter dans l’intestin – et des molécules synthétiques imitant les métabolites identifiés, afin de stimuler cette voie anti-inflammatoire. (...)
Article intégral
Cerveau&Psycho - Guillaume Jacquemont - 10 juillet 2018
Les bactéries de notre intestin seraient capables de ralentir la progression des maladies neurodégénératives. Des chercheurs viennent de découvrir comment.
La lutte contre les maladies neurodégénératives [comme la sclérose en plaques] et les tumeurs cérébrales passera-t-elle par nos intestins ? C’est bien possible, à en croire une série de travaux publiés entre 2016 et ces dernières semaines par l’équipe de Francisco Quintana, de l’École médicale Harvard, à Boston. Dans nombre de ces maladies, une inflammation du cerveau aggraverait les symptômes. Or les chercheurs ont montré que certains produits synthétisés par le microbiote intestinal atténuent cette inflammation. Ils ont aussi identifié les complexes voies cellulaires et moléculaires par lesquelles ces produits agissent sur notre encéphale.
Quintana et ses collègues ont utilisé des souris atteintes de sclérose en plaques (plus exactement, développant l’équivalent de cette maladie pour les rongeurs), et leur ont administré un régime plus ou moins enrichi en tryptophane – un acide aminé essentiel à l’organisme et présent dans de nombreux aliments, comme le riz complet, la viande ou le chocolat. Ils ont alors constaté que ce nutriment ralentit la progression de la maladie. (...)
Le microbiote s’invite dans le bal des cellules cérébrales
(...) Le scénario qu’ils ont découvert comprend deux protagonistes principaux : les cellules microgliales et les astrocytes. Les premières sont les cellules immunitaires du cerveau, tandis que les secondes ont de multiples rôles : nourrissage des neurones, modulation de leurs communications, évacuation de leurs déchets… Mais ils peuvent aussi fabriquer des substances toxiques pour eux. C’est ce qui se produit quand l’inflammation aggrave la maladie.
Or les cellules microgliales « télécommandent » en partie la production des astrocytes. Les métabolites issus de la digestion du tryptophane interagiraient alors avec ces cellules, qui empêcheraient ensuite les astrocytes de diffuser des substances neurotoxiques. (...)
Une armée de cent mille milliards de soldats
Des travaux complémentaires seront aussi nécessaires pour valider l’efficacité de ce mécanisme chez les patients humains, et éventuellement aboutir à des recommandations alimentaires précises. L’équipe de Quintana développe également des probiotiques – des bactéries susceptibles de s’implanter dans l’intestin – et des molécules synthétiques imitant les métabolites identifiés, afin de stimuler cette voie anti-inflammatoire. (...)
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