Un rapport à venir sur handicap, maladie et vie professionnelle
Posté : 24 avr. 2018, 20:35
Malade et menacé de licenciement, « c’est la double peine »
Le Monde - Catherine Quignon - 24 avril 2018
A 26 ans, il a appris qu’il était porteur de la sclérose en plaques. En plus du choc de l’annonce, Eric (son prénom a été changé pour préserver son anonymat) doit depuis faire face à une menace de licenciement. « Quand j’ai été hospitalisé, les soignants m’ont dit de ne rien dire à mon employeur », se souvient le jeune homme. Mais il ne se méfie pas et annonce sa maladie à la société de transports qui l’emploie. « J’avais suivi une formation pour un poste qui ne nécessitait pas de conduire, ça tombait bien », précise-t-il ironiquement. Eric demande un mi-temps thérapeutique de trois mois à son employeur, qui accepte. « Au début, mon entreprise me soutenait, explique-t-il. C’est lorsque j’ai demandé la prolongation de mon mi-temps que cela s’est dégradé. »
Le médecin du travail lui annonce alors qu’il risque d’être licencié pour inaptitude, une possibilité prévue par le code du travail. Pourtant, le praticien l’avait d’abord estimé apte à travailler avec des aménagements de poste – aménagements que l’employeur a l’obligation de mettre en place. « Mais le médecin m’a dit qu’ils étaient refusés par la direction », fustige le jeune homme. Aujourd’hui, il a engagé une procédure judiciaire contre son employeur : « C’est la double peine : on est malade et menacé de licenciement, alors qu’en réalité la maladie ne m’empêche pas de travailler. »
Dramatique, son cas illustre les difficultés professionnelles que peuvent rencontrer les personnes atteintes d’une maladie ou d’un handicap. Un sujet au cœur des Assises du maintien dans l’emploi qui se déroulent mardi 24 avril, à l’initiative de la Fédération régionale des services de santé au travail d’Ile-de-France.
En janvier, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) s’était alarmée dans un rapport du nombre de salariés menacés de désinsertion professionnelle du fait de leur maladie ou de leur handicap : selon elle, 5 % à 10 % de salariés seraient concernés. Soit entre un et deux millions de personnes.
Salariés pris en étau
Face à l’ampleur du problème, le gouvernement a confié à la présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées, Dominique Gillot, une mission pour sécuriser l’emploi des personnes handicapées, ainsi que de leurs aidants. L’ex-secrétaire d’Etat aux personnes âgées devrait présenter son rapport dans les jours à venir. « L’entreprise qui ne se met pas en position de prévenir la désinsertion professionnelle met en situation d’exclusion », alerte-t-elle.
(...)
Reconversion
(...)
Pour les salariés encore capables de travailler, mais qui ne peuvent pas reprendre leur poste, reste la voie de la reconversion. Un chemin aussi semé d’embûches. Valérie Pierre, la cinquantaine, a travaillé des années comme auxiliaire de vie auprès de l’Association d’aide familiale populaire. A la suite d’un problème cardiaque, elle est arrêtée deux ans. « J’ai tenté de reprendre mon travail, mais c’était trop physique, dit-elle. Il m’a fallu faire le deuil de mon métier. »
(...)
Article intégral
Le Monde - Catherine Quignon - 24 avril 2018
A 26 ans, il a appris qu’il était porteur de la sclérose en plaques. En plus du choc de l’annonce, Eric (son prénom a été changé pour préserver son anonymat) doit depuis faire face à une menace de licenciement. « Quand j’ai été hospitalisé, les soignants m’ont dit de ne rien dire à mon employeur », se souvient le jeune homme. Mais il ne se méfie pas et annonce sa maladie à la société de transports qui l’emploie. « J’avais suivi une formation pour un poste qui ne nécessitait pas de conduire, ça tombait bien », précise-t-il ironiquement. Eric demande un mi-temps thérapeutique de trois mois à son employeur, qui accepte. « Au début, mon entreprise me soutenait, explique-t-il. C’est lorsque j’ai demandé la prolongation de mon mi-temps que cela s’est dégradé. »
Le médecin du travail lui annonce alors qu’il risque d’être licencié pour inaptitude, une possibilité prévue par le code du travail. Pourtant, le praticien l’avait d’abord estimé apte à travailler avec des aménagements de poste – aménagements que l’employeur a l’obligation de mettre en place. « Mais le médecin m’a dit qu’ils étaient refusés par la direction », fustige le jeune homme. Aujourd’hui, il a engagé une procédure judiciaire contre son employeur : « C’est la double peine : on est malade et menacé de licenciement, alors qu’en réalité la maladie ne m’empêche pas de travailler. »
Dramatique, son cas illustre les difficultés professionnelles que peuvent rencontrer les personnes atteintes d’une maladie ou d’un handicap. Un sujet au cœur des Assises du maintien dans l’emploi qui se déroulent mardi 24 avril, à l’initiative de la Fédération régionale des services de santé au travail d’Ile-de-France.
En janvier, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) s’était alarmée dans un rapport du nombre de salariés menacés de désinsertion professionnelle du fait de leur maladie ou de leur handicap : selon elle, 5 % à 10 % de salariés seraient concernés. Soit entre un et deux millions de personnes.
Salariés pris en étau
Face à l’ampleur du problème, le gouvernement a confié à la présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées, Dominique Gillot, une mission pour sécuriser l’emploi des personnes handicapées, ainsi que de leurs aidants. L’ex-secrétaire d’Etat aux personnes âgées devrait présenter son rapport dans les jours à venir. « L’entreprise qui ne se met pas en position de prévenir la désinsertion professionnelle met en situation d’exclusion », alerte-t-elle.
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Reconversion
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Pour les salariés encore capables de travailler, mais qui ne peuvent pas reprendre leur poste, reste la voie de la reconversion. Un chemin aussi semé d’embûches. Valérie Pierre, la cinquantaine, a travaillé des années comme auxiliaire de vie auprès de l’Association d’aide familiale populaire. A la suite d’un problème cardiaque, elle est arrêtée deux ans. « J’ai tenté de reprendre mon travail, mais c’était trop physique, dit-elle. Il m’a fallu faire le deuil de mon métier. »
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